Dôté d'une animation fabuleuse, d'une réalisation
graphique superbe, d'un level design inspiré, et de la première bande
musicale entièrement orchestrale en date dans l'histoire du jeu vidéo,
il a su laisser une empreinte indélébile comme seuls les plus grands
jeux sont en mesure de le faire, et reste encore aujourd'hui un
véritable grand moment vidéoludique, à vivre et revivre sans modération.
La trame narrative est simple, mais efficace, et met en scène des
personnages attachants et un univers pour le moins intriguant. Vous
incarnez Andy, probablement la dizaine, voire douzaine, qui comme la
plupart des garçons de son âge, aimerait pouvoir passer ses après-midis à gambader dehors plutôt que d'assister aux cours d'un maître d'école
quelque peu aigri. C'est donc après que la sonnerie de l'école ait
retenti, qu'Andy et son chien Whisky se rendent au parc afin d'assister à un évènement fascinant : une éclipse solaire. Tout se déroule pour
le mieux jusqu'au moment où Whisky se fait mystérieusement happer par
les ténèbres tout droit surgi de l'éclipse. La séparation est
insoutenable pour Andy. Revenu en courant à sa maison, il grimpe dans sa cabane, s'équipe d'un casque-passoire ainsi que d'un fusil rafistolé et prépare son voyage vers l'inconnu. Commence alors une
aventure, une vraie, de celles qui portent un grand A majuscule et
captivent de bout en bout.
Dès les premières minutes de jeu, une fois la très jolie cinématique
d'introduction passée (assez épatante pour un jeu de 1998), le premier
sentiment qui m'est venu est un sentiment de fraîcheur. Un véritable
charme se dégage instantanément de HOD, que seuls les jeux de l'époque, et particulièrement ceux réalisés en
2D, savaient transmettre. On a ici droit à un mélange subtil entre 2D et 3D. Les personnages sont des sprites 2D, tous superbement animés,
tandis que les décors alternent habilement entre 2D et 3D. L'intégralité du jeu se déroule en scrolling (défilement de l'écran de gauche à
droite, et haut en bas, et vice et versa), bénéficiant d'un level design très soigné, et toujours intéressant à parcourir. Comme je l'ai
mentionné auparavant, la réalisation graphique est d'une immense beauté, même encore aujourd'hui, grâce à des tableaux 2D dignes de véritables
artworks. Par-dessus tout cela vient s'ajouter la très jolie bande
musicale, composée et dirigée par Bruce Broughton (à l'origine de la bande musicale de plusieurs dessin-animés Disney, et de la série Tv Jeremiah). Cet ensemble fait de HOD une expérience véritablement marquante. Si je devais désigner ce jeu en un seul mot, ce serait "attachant".
Le gameplay,
principalement axé sur la plateforme et le shoot, reprend les principes
fondamentaux des shooters 2D et se laisse appréhender de manière
relativement aisée. Si les actions ne répondent pas toujours aussi
rapidement que l'on aimerait, le jeu demeure toutefois accessible et
rarement les défauts de jouabilité viennent-ils entâcher la prise en
main. Je tiens néanmoins à préciser que la difficulté
du jeu est parfois assez élevée, surtout vers la fin, et que donc
certain(e)s joueurs/euses seront susceptibles de se frustrer; rien de
comparable, cela dit, au challenge imposé dans un Metal Slug.
L'expérience procurée par HOD s'apparente à un mauvais rêve. Les morts d'Andy ne sont jamais douces, mais souvent brutales voire parfois "gores", et les moindres instants de réconfort trouvent immédiatement un contre poids
dans le chaos et la violence. Et c'est bien là que réside l'intelligence du game design d'Eric Chahi et de ses compères : un cauchemard est une
expérience désagréable, dans laquelle les tentatives de fuite sont
immédiatement réprimées par une surenchère dans la violence et le
malaise. Le sujet est d'autant plus touchant que le point de vue par
lequel est perçu cette expérience est celui d'un enfant, et donc la
plupart de ses angoisses y sont exprimées de manière explicite : la
mort, la perte de l'être cher, la peur de l'inconnu, et
fondamentalement, la peur du noir, des ténèbres. HOD s'impose donc dans le fond comme une métaphore du cauchemard infantile,
et défie le joueur en lui donnant pour challenge d'extraire Andy de cette expérience terrifiante. Un réel retour à l'enfance, en quelque sorte.
Le jeu n'est pas pour autant dépourvu d'humour et de burlesque, loin de
là. Disons que l'ensemble est contrasté, toujours mitigé, parfois
comique, parfois cynique.
En résumé, il s'agit à mon sens d'une petite perle du genre Aventure, et qui malgré son âge, demeure toujours autant d'actualité. Ce qui d'un côté est
assez alarmant quand on voit que dans le fond, la production actuelle
appartenant au même genre ne cherche pas tellement à bouleverser ses habitudes de game design.
Pour finir sur cet article, je vous propose d'aller visionner la cinématique d'introduction, une séquence gameplay, afin de mieux vous faire une idée du jeu ne serait-ce que visuellement, et enfin, un article sur l'oeuvre complète d'Eric Chahi, comprenant une interview fort instructive.
A noter que ce grand monsieur travaille actuellement d'arrache-pied sur
un projet destiné au PS Store et au XBox Live Arcade, nommé From Dust, au sujet duquel vous pouvez retrouver une interview vidéo à cette adresse.